dimanche 17 mai 2009

L'Ile Simon Mode d'Emploi 2009


Le Rond dans l'Eau de Zazü

Zazü :
J'ai voulu faire une table ronde sur l'art. Je n'avais pas prévu que l'eau monte, et que les chaises s'enfoncent dans le sable. Ça donne aussi une idée actuelle de la situation de l'art... Je travaille sur l'art dans le paysage urbain. J'ai peint les chaises en bleu, c'est important, pour l'impact visuel. Je n'avais pas prévu non plus que les gens viennent s'y installer. Mais c'est très bien que ça ce soit passé comme ça.


Nico Nu :
Les chaises de Zazü installées au milieu de la Loire, c'est magnifique.
Jean Riant :
Les chaises de Zazü installées au milieu de la Loire, c'est impeccable.
Jacques Lemerre :
Les chaises de Zazü installées au milieu de la Loire, ça m'a fait penser à l'Europe, au drapeau européen...
Marie-Claude Valentin :
Les chaises de Zazü installées au milieu de la Loire, c'est super.
La presse unanime :
Les chaises de Zazü installées au milieu de la Loire, c'est génial.
clichés JCB

"Le Menhir Amoureux" par Nico Nu

Hommage à Mouna, disparu il y a dix ans.

André Dupont, dit Aguigui Mouna (1911-1999) a été appelé à la fois « le dernier amuseur public de Paris » et « le sage des temps modernes ». Cavanna disait de lui : « Mouna c'est une manif à lui tout seul.»
Vie et philosophie
Orphelin à 9 ans, il commence à travailler à 13 ans. Il est tour à tour garçon de café et chômeur et, à 17 ans, s'engage un moment dans la Marine. Son passage dans l'armée en 1939 fera de lui un antimilitariste convaincu.
Il adhère au PC à la Libération, puis rapidement s'installe comme café-restaurateur avec son frère. En 1951, ayant fait personnellement faillite et devenu las de cette vie « caca-pipi-taliste », il a sa « révélation aguiguiste » : il prend le pseudonyme d'Aguigui Mouna et part sur la route et pour professer sa philosophie sur la Côte d'Azur et dans les rues de Paris. Plus tard on le verra aussi, la barbe fleurie et son éternel béret noir vissé sur le crâne, haranguant les foules aux festivals de Cannes et d'Avignon, au Printemps de Bourges et au Salon du Livre de Paris. En 1956, il relie Cagnes-sur-Mer à Sanremo à pied. Il sévit également à Golfe-Juan, où il reste perché 16 heures en haut d'un platane. Il ponctue ses déclamations par des inscriptions à la craie blanche sur le bitume en disant « Je craie. »
Ses techniques, tel que l'usage de pancartes accrochées à son vélo pour interpeller les passants, ont sans doute influencé l'écriture blanche sur noir de l'artiste Ben, ou encore celle de Nico Nu.
Il crée son journal Le Mouna Frères (« le mou'nana pour les sœurs !!! ») qu'il diffuse lui-même dans les manifestations. Il se déplace sur un vélo équipé d'un téléphone rouge (factice) et jette des graines aux badauds qui l'écoutent en ponctuant son geste d'un « Prenez-en de la graine !»
Dans le campus de Jussieu, le 2 mars 1978, il est sacré « Empereur débilissime, Aguigui 1er », il a fait venir ses amis saltimbanques qui distribuent des nez rouges. Un autre jour, il se fait arrêter pour avoir mené une procession dont les participants scandaient en chœur : « Nous sommes heureux ! Nous sommes heureux ! ». Toujours à Jussieu, en mars 1979, il invite les étudiants à accompagner avec lui la manifestation des sidérurgistes de la Lorraine qui viennent à Paris crier leur détresse.
Il est nommé chevalier des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture Jack Lang.
Il tente plusieurs fois de se présenter comme candidat aux présidentielles, ainsi qu'aux législatives du Ve arrondissement. En 1993, il obtient 722 voix contre Jean Tiberi.
Sa philosophie est un mélange d'antimilitarisme, d'anarchisme et d'écologisme. Il a mené campagne contre le travail des enfants dans le tiers monde et pour l'aide aux réfugiés du Chili, et il a été l'un des premiers à s'opposer au programme nucléaire de la France.

Quelques slogans de Mouna :
C'est en parlant haut qu'on devient haut-parleur.
Ne prenez pas le métro, prenez le pouvoir.
Des vélos, pas trop d'autos. Du gazon, pas de béton, des moutons, pas de canons.
Le jour où un vélo écrasera une auto, il y aura vraiment du nouveau.
Aimez-vous les uns sur les autres.
La grossesse à 6 mois ! La retraite à 15 ans !
On vit peu mais on meurt longtemps.
Je préfère le vin d'ici à l'eau de là (emprunté à Francis Blanche).
Riez et vous serez sauvé.
Mieux vaut être actif aujourd'hui que radioactif demain.
Au pays de la barbarie, je joue de l'orgue de Barbarie !
Le régime est pourri ! criait-il dans la rue en agitant un régime de bananes pourries.

Jamais je ne laisserai dire de Nico Nu
que c'est un type qu'on ne peut pas encadrer.
Zazü :
Tu as remarqué ? Nico Nu s'installe toujours au même endroit sur l'île Simon. Il a son coin.

clichés JCB

Photos (en noir et blanc) dans la nature (en couleur), de Jean Riant

Jean Riant :
C'est difficile d'accrocher des photos dans la nature. Au début je les avait mises sous un gros marronnier, mais Marie-Claude m'a dit : "pourquoi tu les mets dans l'ombre ? Pour qu'on ne les voit pas ? "
Deux de ces photos proviennent d'une commande pour une opération de mécénat du Medef local. On devait exposer dans un nouveau hangard de Calberson, une entreprise de transport routier. C'est ingrat, comme lieu, un entrepôt. Il n'y a pas d'ouverture, juste les quais pour les camions. Les types qui y bossent, ils ne voient pas le jour. C'est pour ça que j'ai choisi des photos "enterrées", assez sombres. Il y a une vue d'entrepôt, et un pont.
La troisième photo, c'est un buttoir de chemin de fer, là où les wagons viennent mourir.
Je photographie beaucoup de voies ferrées, de gares, souvent désaffectées. Mais ces derniers temps, me voyant dans les alentours, avec tout mon matériel de photo, plusieurs personnes m'ont dit : "tu ferais mieux d'arrêter..." Depuis Tarnac, c'est devenu un sujet ultra-sensible, les voies ferrées.
Je photographie souvent des voies ferrées, et immanquablement, ça me fait penser à Auschwitz.

photo des photos : JCB

Jean qui pleure, Jean qui rit

Jean Riant, peu riant :
Jean Riant, riant :

clichés : JCB

"Hasard = Chance" par Jacques Lemerre


Je continue à travailler sur le T. Dans le creux de l’arbre, deux morceaux de bois forment un T. Là, ma carte de vœux de Noël dernier, une borne de pompier américaine en forme de T, mais qui figure aussi un visage, sur fond de planète. Donc l'homme, la planète, l'écologie... Ici, un porte-bouteille, un clin d’oeil à Duchamp. Mais il est sur une poubelle... J'y ai suspendu des sachets de thé (T). Les sachets de thé, j’aime bien : chaque sachet donne ce qu’il a à donner, et puis ça tombe dans la poubelle. C'est un peu une métaphore de la vie.
Là j’ai travaillé sur hasard = chance. En anglais, hasard se dit chance. Le hasard, ça peut être favorable ou défavorable, mais la chance c’est positif. J’ai trouvé ce texte magnifique de Gilles Deleuze :
« Que de victoires pour ceux qui ont su jouer, c’est à dire affirmer et ramifier le hasard, au lieu de le diviser pour le dominer, pour parier, pour gagner.
Ce jeu qui n’est que dans la pensée, et qui n’a d’autres résultat que l’œuvre d’art, il est aussi ce par quoi la pensée et l’art sont réels, et troublent la réalité, la moralité et l’économie du monde. »
Et il y a aussi cette phrase de Pasteur, donc pas un artiste ou un philosophe, mais un scientifique : « Le hasard ne sourit qu’aux esprits préparés ». C’est à dire qu’il faut une certaine disponibilité d'esprit pour accueillir le hasard. Et la disponibilité, c'est le jeu, c'est le plaisir, c'est la création, c'est l'art, tout cela est lié.
En ce moment je travaille sur Mantegna, parce qu'il y a l’exposition de ses prédelles au musée des Beaux-Arts de Tours. Je travaille sur "tombeau tableau / ton beau tableau". Une de ses oeuvres, c'est une résurection, et je trouve que la résurection, c'est une métaphore de l'artiste. La résurection, c'est ce que présente l’œuvre artistique : elle échappe à son créateur, elle dépasse la mort. Le passage pour la résurection, "tombeau tableau / ton beau tableau", c'est à la fois la tombe et l’œuvre.

propos de Jacques Lemerre, recueillis par JCB

L'autoportrait impossible de Romain Ménage

Ce sont des octaèdres tronqués. Huit faces triangulaires dont on a coupé les pointes, ça donne des faces hexagonales et des faces carrées.
Sur le thème du recensement et de l'inventaire, mon idée, ici, c’est le musée personnel. J’ai mis des images d’objets et d’œuvres que j’aime, de réalisations personnelles, des photos de mes carnets, de lettres que j'ai reçues...
C’est une oeuvre à manipuler. Je les avais mis au sol, mais j’ai eu peur que ça s’abîme avec l’humidité. C’est aussi une oeuvre appelée à évoluer, à être complétée.
C’est l’autoportrait impossible.

propos de Romain Ménage, recueillis par JCB

clichés : JCB

Les objets d'affection de l'atelier Louis Pergaud mené par Marie-Claude Valentin

Avec l’atelier Louis Pergaud, au centre psychiatrique d’accueil temporaire, nous avons travaillé sur le musée intime. J’ai demandé aux participants de choisir un objet important pour eux, et d’en parler. On a découvert l’affect...
MCV
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clichés JCB